Woody Allen

by leniod | created - 06 Jan 2014 | updated - 7 months ago | Public

(Je me rends compte que depuis sa dernière rétrospective en 2005 à la Cinémathèque royale, Woody Allen a réalisé plein de nouveaux films, jamais vus.)

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1. What's Up, Tiger Lily? (1966)

PG | 80 min | Adventure, Comedy, Crime

63 Metascore

A Japanese James Bond -esque spy flick reused and redubbed into the plot of a secret agent searching to uncover a recipe for the world's greatest egg salad in Woody Allen's directorial debut.

Directors: Woody Allen, Senkichi Taniguchi | Stars: Woody Allen, The Lovin' Spoonful, Frank Buxton, Louise Lasser

Votes: 9,991

La Cinémathèque royale a projeté exceptionnellement une copie sortie en France en octobre 1980 sous le titre "La première folie de Woody Allen".

J'avais souvent entendu parler de ce film, le premier réalisé par Woody Allen, que je n'avais en fait jamais vu.

C'est vraiment décevant. Comme on dit : les plus courtes sont les meilleures et cette lourde parodie d'un sous-James Bond japonais (de la Toho) ne vaut que par ses jolies couleurs issues du film original. Sur 80 minutes (qui paraissent plus longues), le spectateur rit quatre fois et peut-être sourit six fois, essentiellement les trois fois où le réalisateur apparaît lui-même pour commenter, ce qui n'est pas suffisant dans la mesure où l'humour, parfois facilement absurde, occasionnellement de goût douteux, tombe le plus souvent à plat, ce qui est même embarrassant.

Les dialogues sont peut-être trop improvisés ?

De surcroît, l'intrigue originale est encore trop présente et est, en l'état, très ennuyeuse, inutilement compliquée, avec des Asiatiques qui se ressemblent.

La musique qu'a ajoutée le cinéaste est, à la longue, lassante.

Dommage, je confirme que cette curiosité n'est pas une réussite, malgré une poignée de bonnes idées. (La bande-annonce, forcément plus concentrée, est meilleure que le long métrage.)

Découvert en janvier 2020 dans la salle Ledoux.

7

2. Take the Money and Run (1969)

PG | 85 min | Comedy, Crime

67 Metascore

The life and times of Virgil Starkwell, inept bank robber.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Janet Margolin, Marcel Hillaire, Jacquelyn Hyde

Votes: 31,439 | Gross: $0.72M

Premier vrai long métrage de Woody Allen, il s'agit d'un petit budget aux moyens et à l'aspect grindhouse (pellicule bon marché à l'énorme grain et couleurs délavées vert-brun, beaucoup de voix off et peu de son synchro, durée courte) qui reste proche du show télévisé, par exemple d'une émission comme le "Monty Python's Flying Circus" (1969-74) avec lequel il partage un goût pour le loufoque et l'absurde. Et qu'il anticipe d'un mois et demi. Les Marx Brothers sont clairement cités. On pense aussi à Peter Sellers (avec qui Woody Allen avait travaillé.)

Le récit hors-champ donne une impression de texte lu, avec des images ajoutées. Un monologue de type one-man-show. La structure narrative est morcelée.

Pour résumer très brièvement, il s'agit d'une parodie fauchée de "Bonnie et Clyde" (1967) d'Arthur Penn. L'histoire d'un braqueur incompétent de Baltimore, racontée en faux documentaire. C'est en réalité tourné à San Francisco.

Il y a une grosse vingtaine d'années, ou trente ans, "Prends l'oseille et tire-toi !" était considéré comme un sommet de la carrière de l'auteur. Il était alors surestimé ; ce qui n'est heureusement plus le cas.

Si il y a de l'humour sur le couple, cela reste à l'état embryonnaire. On se demande ce que la femme trouve à l'homme, quelles sont ses motivations pour accepter cette vie de cavales. Les personnages ne sont pas suffisamment développés. Cela manque de consistance et de profondeur. Ce n'est pas encore le véritable Woody Allen mûr que l'on aimera. Il se cherche encore. "Prends l'oseille et tire-toi !" n'est pas abouti. Son personnage est ici plus un étourdi/maladroit comme Gaston Lagaffe/Pierre Richard. Ce brouillon annonce le futur Woody Allen, mais cela reste un Woody Allen mineur. Cette conclusion est renforcée par l'impression finale décevante : alors que l'intense pré-générique, notamment à base de found footage, peut être considéré comme un chef-d'œuvre du court métrage, "Prends l'oseille et tire-toi" s'essouffle de plus en plus dans la seconde moitié, trop répétitive.

Découvert vers début 2005, revu en août 2022 dans de mauvaises conditions. La Cinematok a décidé de projeter ce Allen dans la minuscule salle Plateau, ce qui évidemment provoque du stress, notamment dans le gris couloir d'attente à l'aspect de funérarium. Au dernier moment, un emmerdeur habituel surgit et s'assoit, encore une fois, précisément à côté de moi. Pendant toute la séance, le fâcheux caresse son visage mal rasé avec son ticket qu'il ne cesse de manipuler. Aussi, il se machonne la langue ou son dentier. Il est bien sûr équipé d'un encombrant sac à dos (essentiel pour assister à une projection cinématographique, raison pour laquelle le personnel de l'institution le laisse entrer avec son attirail gênant, qui pourrait pourtant contenir des explosifs) et de quantité d'objets qu'il laisse tomber et ramasse etc. Cela m'a tenu à distance du film. Par moment, je perdais totalement mon attention. J'ai heureusement pu assister à la seconde projection dans de meilleures conditions (mon budget chaussures a été absorbé par mon budget cinéma, raison pour laquelle je pue des pieds. Ce qui n'est malheureusement pas suffisamment efficace pour repousser les nuisibles.)

J'ai noté que la copie (datant de fin 1972 ?) conservée par la Cinémathèque royale ne bénéficie pas d'un sous-titrage parfait. Il y a un décalage qui ne permet pas, à la première vision, de capter toutes les amusantes subtilités.

9

3. Play It Again, Sam (1972)

PG | 85 min | Comedy, Romance

77 Metascore

A neurotic film critic obsessed with the movie Casablanca (1942) attempts to get over his wife leaving him by dating again with the help of a married couple and his illusory idol, Humphrey Bogart.

Director: Herbert Ross | Stars: Woody Allen, Diane Keaton, Tony Roberts, Jerry Lacy

Votes: 27,982 | Gross: $2.30M

Adaptation par Allen de la pièce de théâtre de Allen jouée à Broadway, réalisée par un artisan plutôt que par Allen lui-même (pourquoi ???), la matrice des futurs grands Woody Allen, ici encore jeune.

À San Francisco et un peu plus brut que d'habitude.

Malgré quelques faiblesses, son meilleur film avec "Annie Hall " (1976.)

Vu en copie d'époque légèrement usée en décembre 2013 dans la salle Ledoux.

10

4. Annie Hall (1977)

PG | 93 min | Comedy, Romance

92 Metascore

Alvy Singer, a divorced Jewish comedian, reflects on his relationship with ex-lover Annie Hall, an aspiring nightclub singer, which ended abruptly just like his previous marriages.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Diane Keaton, Tony Roberts, Carol Kane

Votes: 278,187 | Gross: $39.20M

10

5. Interiors (1978)

PG | 92 min | Drama

67 Metascore

Three sisters find their lives spinning out of control in the wake of their parents' sudden, unexpected divorce.

Director: Woody Allen | Stars: Diane Keaton, Geraldine Page, Kristin Griffith, Mary Beth Hurt

Votes: 20,921

Premier film bergmanien de Woody Allen. Et sans lui-même.

On y trouve quelques dialogues corrosifs par le maître, une photographie vermeerienne très soignée et deux scènes intenses (petit spoiler) : le viol d'une belle-sœur et un suicide. (fin du petit spoiler)

Le problème est que c'est situé chez les riches qui vivent dans de spacieux appartements dans le centre de New York et sont tous plus ou moins artistes ou en pause-carrière, sans le moindre tracas financier.

Nombreux épanchements psychanalytiques.

Je supposais l'avoir déjà vu, mais je ne me souvenais de (presque) rien quand je l'ai tardivement découvert en juillet 2021 dans la salle Ledoux.

gros 7

6. Manhattan (1979)

R | 96 min | Comedy, Drama, Romance

83 Metascore

The life of a divorced television writer dating a teenage girl is further complicated when he falls in love with his best friend's mistress.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Diane Keaton, Mariel Hemingway, Michael Murphy

Votes: 147,131 | Gross: $45.70M

9

7. Stardust Memories (1980)

PG | 89 min | Comedy, Drama

While attending a retrospective of his work, a filmmaker recalls his life and his loves: the inspirations for his films.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Charlotte Rampling, Jessica Harper, Marie-Christine Barrault

Votes: 23,970 | Gross: $10.39M

Globalement décevant Woody Allen, un peu fouilli, un peu brouillon, à la forme hermétique et sans véritable enjeu scénaristique.

Les références cinématographiques, peu subtiles, sont trop envahissantes. Si la séquence de rêve dans le train du début rappelle "Le silence" (1963) d'Ingmar Bergman, c'est le Fellini abstrait de sa dernière période que plagie le réalisateur, alors qu'il tente de s'inspirer de l'antérieur "Huit et demi" (1963) (et de "La Dolce Vita"). Le problème est que l'humoriste n'a pas le génie de la mise en scène du Fellini du début des sixties. Et que la suite de séquences, même joliment photographiée dans un plutôt joli noir et blanc à la Henri Alekan par Gordon Willis (les trois "Parrain", tous les Allen de "Annie Hall" en 1977 à "La rose pourpre du Caire" en 1985), n'a pas la brillante fluidité formelle du chef-d'œuvre italien. Par contre, l'histoire est sacrifiée à la modernité, le montage est souvent non-chronologique, chaotique, en forme de puzzle, de jeu permanent entre réel et imaginaire, vainement fatigant. En conséquence, le spectateur reste vaguement indifférent à ce qui se passe sur l'écran. De surcroît et surtout, l'argument est faiblard, inabouti, peu convaincant : Allen a des problèmes sentimentaux avec Charlotte Rampling, la Française Marie-Christine Barrault quitte son mari brusquement comme on jette une vieille paire de chaussettes, vient rejoindre Allen avec ses enfants, ce qui effraie l'égocentrique égoïste. À cela s'ajoute deux aventures sexuelles avec des jeunes filles (ayant une grosse vingtaine d'années de moins que lui) qui ont un goût de déjà-vu-en-mieux notamment dans "Annie Hall". À la fin, Marie-Christine Barrault le quitte et s'en va, il la rejoint à la gare juste à temps et ils se réconcilient avant le générique. Tout ça dans un contexte de libération sexuelle, de communautarisme juif et de névrose existentielle.

Quelques pertinents et amusants éléments autobiographiques concernant la vie de cinéaste reconnu aux avant-premières et festivals. Répétitif sur la longueur. J'ai un peu ri cinq ou six fois.

Reste une jolie photographie (que j'ai (re)vue en 35mm dans la salle Ledoux en janvier 2016) et un Woody Allen encore jeune, qui commettra bien pire plus tard. Mais avec un tel casting et l'auteur de "Annie Hall", on s'attendait à beaucoup mieux. La fin laisse un goût de frustration car jamais le spectateur n'entre dans l'histoire qui ne présente aucun enjeu majeur. En outre, ne l'ayant pas revu depuis plus de dix ans (fin 2005 ?), il m'a semblé que l'humour et les préoccupation de Woody Allen ont un peu mal vieilli.

Pour l'anecdote : silhouette de Sharon Stone, jeune, dans un rôle de pin-up, sa première (courte) apparition au cinéma.

À noter que la version DVD semble recadrée. L'image 35mm étant proche du 4/3.

tout petit 9

8. A Midsummer Night's Sex Comedy (1982)

PG | 88 min | Comedy

51 Metascore

A wacky inventor and his wife invite two other couples for a weekend party at a romantic summer house in the 1900s countryside.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Mia Farrow, José Ferrer, Julie Hagerty

Votes: 20,495 | Gross: $9.08M

Woody à la campagne et en costumes d'époque. Sans sexe et avec peu de comédie. Seulement des flirts et des sourires.

Premier film d'Allen avec Mia Farrow. Woody Allen était amoureux et cela se sent. Elle jouera 13 fois pour lui, mais sa période Diane Keaton était supérieure.

Ressemble à une parodie ironique, un peu plate, d'un film de Bergman, plus précisément de "Smiles of a Summer Night". L'essentiel de l'humour est situé dans les dialogues. Le réalisateur s'inspire aussi de "A Midsummer Night's Dream" de Shakespeare.

Très théâtral avec sa quasi-unité de lieu, de temps et d'action. Hyper-léger, il s'agit de trois couples de la bourgeoisie new-yorkaise 1905 qui se trompent les uns avec et les autres, en seulement quelques heures, dans une coquette maison à la campagne. Les dégâts de la mixité défendue par les mécréants. C'est tellement vain que trois heures après la projection, on a déjà oublié qui couche avec qui. À noter deux éléments de fantastique, dont un peut-être inspiré par "E.T.". Et une machine à spiritisme, du plus mauvais goût. Trop de musiques de Felix Mendelssohn (plutôt que le jazz habituel), sur de jolis plans de la nature. C'est un peu écœurant. Tentative de cacher la mise en scène plutôt terne. Le film est trop court, bâclé. Le spectateur pense que cela n'a pas conduit très loin et que cela manque de profondeur. La morale étant : forniquons tant que nous sommes encore jeunes.

Vu à la télévision à la fin des années 1980 et revu au musée vers 2002, je n'étais pas allé le revoir lors de la rétro en décembre 2005 car j'avais été déçu et m'étais ennuyé. Finalement revu en août 2017 et un peu plus positif que dans mon souvenir.

8

9. The Purple Rose of Cairo (1985)

PG | 82 min | Comedy, Fantasy, Romance

75 Metascore

In 1935 New Jersey, a movie character walks off the screen and into the real world.

Director: Woody Allen | Stars: Mia Farrow, Jeff Daniels, Danny Aiello, Irving Metzman

Votes: 55,210 | Gross: $10.63M

À sa sortie, "La rose pourpre du Caire" était présenté par les médias populaires franco-belges comme un des meilleurs films du cinéaste. Je l'ai découvert deux ans plus tard lors d'une rétrospective Woody Allen à la RTBF, que je n'avais pas ratée. Je l'avais enregistré en VHS et revu plusieurs fois dans la foulée.

Je l'ai revu au Musée vers l'an 2000 et avais été relativement déçu. J'avais oublié les raisons de cette déception, mais ne l'avais pas réévalué lors de la rétrospective Allen de 2005 à la cinémathèque royale, qui ne l'a plus projeté avant décembre 2022, dans la salle Ledoux.

Je l'ai donc revu, curieux d'essayer de comprendre ma déception d'adulte, alors que j'avais apprécié l'œuvre en début d'adolescence.

En fait, je pense que les normes avaient changé entre-temps et que le développement de l'élément fantastique, s'il était acceptable début 1985, semblait bâclé quinze ans plus tard, après notamment "Retour vers le futur" et ses suites, "Last Action Hero", "Groundhog Day" ou "Smoking/No Smoking". On a l'impression frustrante que toutes les possibilités n'ont pas été explorées. Le film est court (trop court selon les normes plus récentes), ce qui lui donne même un aspect d'épisode de "La quatrième dimension".

En outre, le personnage joué par Mia Farrow est exagérément niais. On pourrait me rétorquer que les femmes étaient naïves comme ça à l'époque, mais c'est faux. J'ai vu des comédies hollywoodiennes du début des années '30, avant le code Hays : les Américaines n'étaient pas des nunuches, pas dans une région industrielle du New Jersey. Son époux n'est pas nuancé non plus.

Il suffit de ne pas s'attendre à un chef-d'œuvre, mais plutôt à un petit Woody Allen, rendant hommage assez fin à un certain cinéma des années 1930 (plutôt celui des serials de la fin de cette décennie) et annonce le supérieur et plus abouti "Radio Days".

Cependant, les entrées et sorties de l'écran restent des scènes d'anthologie.

petit 9

10. Hannah and Her Sisters (1986)

PG-13 | 107 min | Comedy, Drama

90 Metascore

Between two Thanksgivings two years apart, Hannah's husband falls in love with her sister Lee, while her hypochondriac ex-husband rekindles his relationship with her sister Holly.

Director: Woody Allen | Stars: Mia Farrow, Dianne Wiest, Michael Caine, Barbara Hershey

Votes: 76,729 | Gross: $40.08M

Très librement inspiré par la structure de "Fanny et Alexandre" (1983), "Hannah et ses sœurs" est généralement considéré comme le troisième meilleur film du metteur en scène, après "Annie Hall" (1977) et "Manhattan" (1979). J'ai également un bon souvenir de "Stardust Memories" (1980).

Inégal mais occasionnellement brillant. Au-dessus de la moyenne.

On voit beaucoup du New York huppé (notamment SoHo) de l'époque, déjà plus destroy comme dix ans plus tôt, mais pas encore nettoyé comme dix ans plus tard. On s'attarde sur l'architecture art déco. C'est bien photographié.

Casting exceptionnel, même si certains grands noms (comme l'acteur de Bergman ou une Princesse Leia déjà vieillie) semblent finalement sous-utilisés. C'est en fin de compte Woody Allen, en pleine forme, qui leur vole la vedette.

Des blasphèmes. Encore un juif qui attaque la religion catholique et, à travers elle, le prophète Issa.

Beaucoup de fornications, particulièrement immorales.

Placements de produits pour un soda et une bière.

Le plus gros problème est de s'identifier à cette classe sociale moyenne supérieure qui vit dans des logements spacieux sans souci d'argent (et avec même une bonne à tout faire noire, la seule noire du film !) Donne au grand public l'image trompeuse d'un secteur culturel florissant qui paie confortablement. En outre, cette superposition de marivaudages reste sans conséquence, contrairement à la vraie vie. Cela semble daté. Michel Houellebecq s'est depuis montré autrement plus pertinent sur le sujet, notamment dans "Sérotonine".

Vu vers 1989 à la télévision. Revu vers 2004 au Musée et revu en juin 2019 dans la salle Ledoux une belle copie belge légèrement usée, surtout en bords de bobines.

gros 8

11. The Manhattan Project (1986)

PG-13 | 117 min | Sci-Fi, Thriller

61 Metascore

A high school prodigy builds an atomic bomb with stolen plutonium to win the 45th National Science Fair and expose a nuclear weapons lab posing as a nuclear medical research facility in Ithaca, NY.

Director: Marshall Brickman | Stars: John Lithgow, Christopher Collet, Richard Council, Robert Schenkkan

Votes: 6,860 | Gross: $3.90M

Les Woody Allen les plus réussis ont été coécrits avec Marshall Brickman, qui a aussi réalisé quelques films, dont "The Manhattan Project", son dernier.

Il s'agit d'une version cheap, produite par les Israéliens de la Cannon (plus précisément financée par Thorn EMI Screen Entertainment, racheté par la Cannon), de "WarGames" (1983) de John Badham.

Produit destiné aux jeunes adolescents. Le travail est relativement soigné, mais convenu, avec des lenteurs. Le ton léger est proche des séries télévisées de l'époque. Hyper-invraissemblable. Le réalisateur se fait quand même remarquer par quelques dialogues que l'on pourrait trouver dans un Woody Allen. Il y a donc un peu d'humour... Toutefois, malgré le ridicule du scénario, c'est traité avec sérieux, ce qui assure un charme décalé. Il a été sélectionné pour le "Grand Prix" à Avoriaz.

Un des acteurs principaux est John Lithgow ("2010 - L'année du premier contact" en 1984, "Bigfoot et les Henderson" en '87, "Cliffhanger" en '93, ...)

Découvert en août 2023 dans la salle Plateau une copie belge d'époque en excellent état. C'est à souligner car, n'ayant pas eu le succès escompté à la sortie et oublié depuis, on ne le trouve pas à moins de 20 euros le DVD en édition espagnole sous-titrée en français. Et à une dizaine d'euros le Blu-ray sous-titré en castillan.

En résumé, il s'agit d'une curiosité unique : un sous-"WarGames" dirigé par le coscénariste de "Woody et les robots", "Annie Hall", "Manhattan" et "Manhattan Murder Mystery".

gros 7

12. Radio Days (1987)

PG | 88 min | Comedy

74 Metascore

A nostalgic look at radio's golden age focusing on one ordinary family and the various performers in the medium.

Director: Woody Allen | Stars: Mia Farrow, Dianne Wiest, Mike Starr, Paul Herman

Votes: 36,260 | Gross: $14.79M

Évocation très nostalgique de l'âge d'or de la radio (fin des années 1930 à 1943), selon les amusants souvenirs autobiographiques du cinéaste, dans une famille juive de la classe moyenne pauvre de la banlieue new-yorkaise.

C'est un peu l'"Amarcord" version Allen, moins vulgaire. Aussi, je pense que "Radio Days" a influencé Jan Bucquoy pour "La vie sexuelle des Belges" (1994).

Ce qui fait la qualité exceptionnelle du film est le contraste entre la simplicité des anecdotes, l'humour cul-caca et la sophistication soignée de la reconstitution d'époque, des costumes et surtout des splendides décors art déco, l'écriture sensible, la photographie aux lumières délicates, la mise en scène discrète mais précise, magistrale.

Nombreux placements de produits pour au moins trois marques de cigarette et un soda.

Sans doute un des meilleurs, si pas le meilleur Allen sans lui comme acteur.

Vu à la télévision vers 1989, revu au Musée vers 2000 ou/et en décembre 2005 et encore dans la salle Ledoux en décembre 2016.

gros 9

13. Another Woman (1988)

PG | 81 min | Drama

Facing a mid-life crisis, a woman rents an apartment next to a psychiatrist's office to write a new book, only to become drawn to the plight of a pregnant woman seeking that doctor's help.

Director: Woody Allen | Stars: Gena Rowlands, Mia Farrow, Ian Holm, Blythe Danner

Votes: 15,035 | Gross: $1.56M

Un court Woody Allen bergmanien, à première vue mineur, aux ingrédients réchauffés, mais qui vaut par la mise en scène maîtrisée, presqu'en pilotage automatique, une très belle photographie délicate par Sven Nykvist, le fidèle chef op' de Bergman (notamment "Scènes de la vie conjugale", "Sonate d'automne" ou "Fanny et Alexandre"), à l'étalonnage pas vraiment sépia, mais plutôt jaune canari tendant vers le caca d'oie. Et surtout le casting, en plus de Mia Farrow, de deux acteurs extérieurs à l'univers du cinéaste : Gena Rowlands à contre-emploi dans le rôle principal et Gene Hackman (de "The French Connection" en 1971) dans un second rôle.

Quelques passages plus oniriques font partie des sommets de la filmographie de Woody Allen. La bande originale est envoûtante, peut-être la meilleure de sa carrière.

Peu de références religieuses, mais encore de spacieux appartements à New York. Et des personnages aisés forcément trop chanceux : directrice du département de philosophie à l'université (en congé sabbatique, elle loue un appartement en plein Manhattan pour écrire un livre), cardiologue, metteur en scène qui met en scène, comédienne qui joue, psychanalyste etc. De quel droit se plaignent-ils ?

Vu à la télévision vers 1990. Revu une copie belge d'époque en juillet 2022 dans la salle Ledoux. À 17 ans, j'étais fasciné par cette bourgeoisie intellectuelle new-yorkaise, très éloignée du Borinage où je vivais. Et même si j'aurais dû me sentir plus concerné par le sujet du film (la crise du cap des cinquante ans), je me sens maintenant indifférent, encore plus et définitivement éloigné du mode de vie de ce milieu exotique.

C'est un film sobre, concentré, presque minimaliste, dont la richesse exige plusieurs visions.

9

(C'est ce même chef op' qui a photographié le chef-d'œuvre de Polanski "Le locataire".)

14. New York Stories (1989)

PG | 124 min | Comedy, Drama, Romance

A middle-aged artist obsessed with his pretty young assistant, a precocious 12-year-old living in a hotel, and a neurotic lawyer with a possessive mother make up three Gotham tales.

Directors: Woody Allen, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese | Stars: Woody Allen, Nick Nolte, Rosanna Arquette, Marvin Chatinover

Votes: 19,725 | Gross: $10.76M

Un film vu sans doute fin mai 1989 à Mons lorsque je vivais à C. Revu par la suite à la télévision et, quelques années plus tard, au Musée vers 2000 (j'avais à l'époque été déçu, surtout par les peintures qui m'avaient tant impressionné à l'âge de 16 ans.)

En fin de compte, je l'ai revu à mes quarante ans:

  • Le segment de Scorsese fait preuve d'une grande maîtrise de la mise en scène. Réflexion sur les rapports entre l'art, l'argent, l'âge et l'amour (et la jalousie...), il y a une chute qui met un terme, alors que l'on aimerait plus de développement. Rosanna Arquette qui avait 29 ans est peut-être un peu trop vieille pour jouer les jeunes de 22 ans. Elle était plus séduisante dans "Desperately Seeking Susan", gentille screwball comedy sortie quatre ans plus tôt.


  • Le segment de Coppola est en fait celui de sa fille qui signe le scénario (à tendance autobiographique) et les costumes. Si on le prend pour ce que c'est, et, avec le recul, au vu de l'œuvre de Sofia, il n'y a pas de quoi le descendre, loin de là.


  • Le segment de Allen est agréable car on retrouve le grand comique autobiographique, cette fois âgé de 50 ans (même si en réalité il en a déjà 53). Il y a clairement des trouvailles géniales très amusantes dans ce court qui a pour défaut d'être trop court.


Revu en janvier 2014 la copie 35mm d'époque, très légèrement usée, dans la salle Ledoux.

un gros 9

15. Crimes and Misdemeanors (1989)

PG-13 | 104 min | Comedy, Drama

77 Metascore

An ophthalmologist's mistress threatens to reveal their affair to his wife while a married documentary filmmaker is infatuated with another woman.

Director: Woody Allen | Stars: Martin Landau, Woody Allen, Bill Bernstein, Claire Bloom

Votes: 60,752 | Gross: $18.25M

Théologie égarée et féroce misogynie.

Pendant un tiers plic-ploc, Woody, qui joue lui-même comme dans ses sommets, retrouve sa lucidité hilarante, peut-être plus férocement misogyne que jamais. Mais ce long métrage semble n'être en réalité que l'addition de deux moyens métrages.

Le reste n'est malheureusement qu'une grossière transposition du cinéma d'Ingmar Bergman dans le milieu bourgeois juif new-yorkais, ce qui amène de très nombreuses énervantes considérations théologiques égarées.

Décevant car surestimé. Il faudrait réaliser un remontage qui ne conserve que la savoureuse partie avec Woody et Mia Farrow.

Revu en août 2016 dans la salle Ledoux.

8

16. Deconstructing Harry (1997)

R | 96 min | Comedy

62 Metascore

Suffering from writer's block and eagerly awaiting his writing award, Harry Block remembers events from his past and scenes from his best-selling books as characters, real and fictional, come back to haunt him.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Judy Davis, Julia Louis-Dreyfus, Stephanie Roth Haberle

Votes: 47,779 | Gross: $10.69M

Déconstruit (baroquement expérimental chiant), vulgaire grossier (plus que d'habitude chez Allen) et cynique déprimant antipathique.

Pas vraiment une comédie légère sympa divertissante pour se changer les idées.

Et pour l'expérimental, c'est franchement pas terrible. Du sous-sous-Bergman.

Vu vers mars 1998 au Churchill, j'ai longtemps cru que c'était moi qui étais alors trop dépressif pour apprécier ce film, mais non c'est le film qui n'est pas bon. Suite à cette projection, je n'ai plus remis les pieds dans une salle jusqu'au festival de Namur en septembre.

L'ai revu (peut-être fin 2005 au Musée et) vers fin 2012 dans la salle Ledoux.

7

17. Antz (1998)

PG | 83 min | Animation, Adventure, Comedy

73 Metascore

A rather neurotic ant tries to break from his totalitarian society while trying to win the affection of the princess he loves.

Directors: Eric Darnell, Tim Johnson, Lawrence Guterman | Stars: Woody Allen, Sharon Stone, Gene Hackman, Sylvester Stallone

Votes: 163,966 | Gross: $90.76M

Animation en image de synthèse à la pointe de la technologie en 1998, presque trois ans après "Toy Story".

C'est original (une fourmi individualiste et névrosée de Central Park tombe amoureuse), bien foutu, mais l'intrigue reste finalement très conventionnelle.

Avec les voix de Woody Allen (qui s'auto-parodie), Sharon Stone et Sylvester Stallone (que je n'ai pas reconnu.)

Tentative d'être trop grand public. Finalement pas assez adulte pour les adultes et ne convient pas vraiment aux enfants non plus, surtout pas les musulmans (bars, danse, attirance sexuelle, etc.)

Vu en 35mm belge d'époque, avec deux petites sautes, dans la salle Ledoux en décembre 2014. Nous étions cinq, dont les Millecamps, Mevrow Mommen et une jeune fille qui devait, je le suppose, avoir vu le film vers ses neufs ans.

8

À noter que "Fourmiz" fut produit par DreamWorks dans le but de concurrencer Pixar et Disney qui réalisaient "Bug's Life". Le premier est resté un jalon pour son contenu plus adulte, qui est ensuite devenu la norme.

18. Sweet and Lowdown (1999)

PG-13 | 95 min | Comedy, Drama, Music

70 Metascore

In the 1930s, jazz guitarist Emmet Ray idolizes Django Reinhardt, faces gangsters and falls in love with a mute woman.

Director: Woody Allen | Stars: Sean Penn, Samantha Morton, Woody Allen, Ben Duncan

Votes: 36,656 | Gross: $4.20M

Woody Allen mineur et superficiel, plein de clichés notamment sur les « artistes » incapables d'aimer, le « génie torturé ». Le cinéaste semble justifier ses propres mauvais comportements.

L'argument s'inspire de "La Strada" de Fellini. La photographie est plutôt plate, les lumières trop fades. Le chef op est le Chinois Fei Zhao qui collaborera encore aux deux films suivants de Woody Allen, des comédies : "Escrocs mais pas trop" (2000) et "Le sortilège du scorpion de Jade" (2001). Facilités de scénario et reconstitution des années trente qui sent la naphtaline. Il y a quand même une assez réussie visite des studios hollywoodien de l'époque.

"Accords et désaccords" n'est pas inoubliable puisque je l'avais vu à sa sortie et je l'ai complètement oublié une petite vingtaine d'années plus tard, sauf une scène que ma mémoire avait étirée.

J'ai un peu ri deux fois et (vaguement) souri quatre fois, pas suffisamment pour un long métrage.

John Waters joue un petit rôle, mais je ne l'ai pas reconnu.

Vu une copie belge d'époque presque neuve dans la salle Ledoux en octobre 2019.

7

19. Small Time Crooks (2000)

PG | 94 min | Comedy, Crime

69 Metascore

A loser of a crook and his wife strike it rich when a botched bank job's cover business becomes a spectacular success.

Director: Woody Allen | Stars: Woody Allen, Tracey Ullman, Hugh Grant, Carolyn Saxon

Votes: 40,623 | Gross: $17.07M

Woody Allen mineur, regardable, mais pas inoubliable (je l'avais vu à sa sortie ou peut-être plus probablement lors de la rétrospective de 2005 au Musée et l'avais presque totalement oublié.)

À sa sortie, les médias le décrivaient comme un retour au burlesque des débuts du cinéaste ; ils citaient en particulier "Prends l'oseille et tire-toi !" (1969), son premier vrai film. Il est évident qu'Allen, vieillissant (64 ans), tente ici d'attirer un public plus large et plus jeune.

L'ensemble n'est pas très subtil. Une cave d'un commerce de Brooklyn ressemble à un décor en carton bien propre de parc d'attraction ou de Fort Boyard. La mise en scène et la photographie sont plutôt ordinaires, presque vulgaires, télévisuelles. L'étalonnage est exagérément et inutilement jaune sépia. Le chef op est le Chinois Fei Zhao qui a collaboré trois fois à la suite avec Woody Allen, notamment sur son film suivant "Le sortilège du scorpion de Jade" (2001), également une comédie que je confonds avec "Escrocs mais pas trop". Après réflexion, il semble que je n'ai, en fin de compte, jamais vu ce dernier. Je m'embrouille aussi avec "Maudite Aphrodite" (1995), vu à sa sortie et revu à la Cinémathèque royale, d'où l'intérêt de cette liste.

Le casting est remarquable :

  • Le metteur en scène lui-même, beaucoup plus âgé que ses complices, n'est pas vraiment crédible dans un rôle de plouc inculte du New Jersey, après ses nombreuses incarnations de bourgeois sophistiqué de Manhattan.
Deux personnalités :
  • Hugh Grant, à l'époque au sommet de son succès, le gendre idéal et un fantasme féminin très courant.
  • Elaine May qui n'est autre que la réalisatrice du navet d'anthologie "Ishtar" (1987) dont le premier quart ressemblait à du sous-Woody Allen, avant de s'embourber lamentablement dans le désert marocain.


Mais la vraie surprise est la narration : (! SPOILER ! : Le cambriolage n'est en fait qu'un prétexte pour amener une variation de la pièce de George Bernard Shaw "Pygmalion" ! FIN DU SPOILER !)

Sur le même sujet, le français "Le goût des autres" d'Agnès Jaoui, sorti deux mois et demi plus tôt, était plus réussi. En fin de compte, si on est d'humeur et disponible, "Escrocs mais pas trop" passe bien. Quelques répliques sont drôles.

Revu une copie belge d'époque en très très bon état dans la salle Plateau en août 2022.

8

20. Match Point (2005)

R | 124 min | Drama, Romance, Thriller

72 Metascore

At a turning point in his life, a former tennis pro falls for an actress who happens to be dating his friend and soon-to-be brother-in-law.

Director: Woody Allen | Stars: Scarlett Johansson, Jonathan Rhys Meyers, Emily Mortimer, Matthew Goode

Votes: 227,934 | Gross: $23.09M

Découvert dans la salle Ledoux vers 2010.

9

21. Vicky Cristina Barcelona (2008)

PG-13 | 96 min | Comedy, Drama, Romance

70 Metascore

Two friends on a summer holiday in Spain become enamored with the same painter, unaware that his ex-wife, with whom he has a tempestuous relationship, is about to re-enter the picture.

Director: Woody Allen | Stars: Rebecca Hall, Scarlett Johansson, Javier Bardem, Christopher Evan Welch

Votes: 268,705 | Gross: $23.22M

On me l'a conseillé.

Ce serait le meilleur film récent de Woody Allen, après l'excellent "Match Point".

22. Whatever Works (2009)

PG-13 | 93 min | Comedy, Romance

45 Metascore

A middle-aged, misanthropic divorcé from New York City surprisingly enters a fulfilling, Pygmalion-type relationship with a much younger, unsophisticated Southern girl.

Director: Woody Allen | Stars: Evan Rachel Wood, Larry David, Henry Cavill, Adam Brooks

Votes: 76,860 | Gross: $5.31M

Celui-ci semble intéressant également.

Serait-ce le dernier bon film de Woody ?

23. Midnight in Paris (2011)

PG-13 | 94 min | Comedy, Fantasy, Romance

81 Metascore

While on a trip to Paris with his fiancée's family, a nostalgic screenwriter finds himself mysteriously going back to the 1920s every day at midnight.

Director: Woody Allen | Stars: Owen Wilson, Rachel McAdams, Kathy Bates, Kurt Fuller

Votes: 449,577 | Gross: $56.82M

Souvent considéré comme le meilleur film récent du réalisateur (il s'agit en fait de son plus important succès public), j'ai été déçu. Woody Allen ne joue pas dans le film, mais l'acteur principal, pourtant un grand blond, reprend sa diction et ses tics. Ce mimétisme donne l'impression que le cinéaste se parodie lui-même. Ce jeune homme, trop bien de sa personne et sans vraie personnalité (trop gentil et naïf, il n'est pas crédible en scénariste hollywoodien expérimenté), est engagé avec une jolie femme antipathique, immature et égoïste qu'il doit bientôt marier, mais il n'a pas semblé utile au réalisateur d'indiquer au spectateur pourquoi ces deux-là sont ensemble. C'est pourtant une question que l'on se pose vu leur peu d'affinités. Le père de la fille est le principal ressort comique du film car c'est un républicain et il semblerait que la gauche soit intelligente, tandis que les gens de droite sont de sinistres beaufs dont on peut se moquer. Exemple caricatural du cinéma bobo de la gauche caviar : on se moque des riches, mais on habite dans le centre de Paris sans se soucier du loyer. Et sans remarquer autour de soi la misère causée par la gauche démocratique. Woody ressasse encore et encore les mêmes valeurs de sa jeunesse, masquant son ignorance de l'évolution de la société avec, pour fuir la sordide réalité, de la poudre aux yeux d'un Paris aussi fantasmé que la nostalgie à laquelle il s'attaque et d'excitantes actrices comme Marion Cotillard. Ce film montre ce qui intéresse le vieillard friqué : le vin millésimé, les hôtels cinq étoiles dans les quartiers chic et les jeunes filles bien habillées.

Le scénario ressemble à un épisode de "La quatrième dimension" trop rallongé à la sauce Allen ayant atteint la date de péremption. Il s'agit du "Retour vers le futur" de Woody, ici dans un Paris kitsch de musée de cire, notamment dans les années '20 et dans les années 1890, ce qui donne au personnage principal l'occasion de croiser trop brièvement, entre autres, un faux Picasso, un faux Dali, un faux Degas, un faux Gauguin, un faux Buñuel, un faux Louis XIV et une vraie Carla Bruni dans le rôle secondaire de guide touristique. La culture, moins on en a, plus on l'étale. Tous ces grands artistes accueillent immédiatement et chaleureusement notre bellâtre californien dans leur milieu pointu, ce qui paraît invraisemblable. Dans la réalité, ces personnalités n'auraient jamais invité un quidam aussi inintéressant, insignifiant et commun. De surcroît, il n'a pas d'argent de l'époque avec lui, ce qui en fait un pique-assiette. Paradoxe : aucune personnalité française du cinéma ne participe au projet, ce qui est dommage dans la capitale mondiale du cinéma. Il y a en fait peu d'interactions entre les personnages du passé et ceux du présent. C'est de surcroît assez médiocrement joué, comme dans du théâtre de province.

Si le spectateur ne s'ennuie pas trop, le projet aurait pu être plus abouti, moins superficiel et cliché de type "carte postale" naïve pour américain moyen. La photographie du centre de Paris est un peu trop touristique (mais jolie en 35mm) et on visite trop rapidement le splendide jardin de Giverny. On parle d'aller au Mont Saint-Michel, mais finalement cela se termine abruptement de façon très très convenue. Le personnage principal revient de son aventure extraordinaire comme d'une excursion à Disneyland, ne pensant qu'à forniquer avec la première jeune et jolie parisienne qui n'attendait que lui pour partager son amour de Paris sous la pluie. Quel séducteur ! Woody Allen qui, dans les seventies, détestait Hollywood finit par faire une comédie hollywoodienne aseptisée.

C'est creux mais on rit quand même de bon cœur trois ou quatre fois. Il y a des embryons de grand film, mais Woody, 75 ans, s'est montré trop vite satisfait, indulgent avec lui-même et un peu paresseux. Tentant pathétiquement de rester dans le coup, il devient conventionnel. Il ferait mieux d'assumer son âge et jouer lui-même dans des films sans jeunes filles désirables qui pourraient être ses petits-enfants.

C'est du réchauffé. L'auteur n'a plus rien de neuf à apporter et refait les mêmes films, en moins réussis. Les deux film du cinéaste qui ressemblent à celui-ci et étaient plus inspirés sont "Zelig" (1982) et "La rose pourpre du Caire" (1985). Woody devrait retourner à cette époque et arrêter de ternir son étoile avec obstination depuis les années '90. (Je sauve "Match Point" de 2005 qui m'avait paru brillant quand je l'ai vu vers 2010 dans la salle Ledoux.)

Placements de produit. Mais aucune allusion à la religion juive.

Vu une copie 35mm à l'état presque neuf (une petite saute en changement de bobine) dans la salle Ledoux en janvier 2018.

petit 8



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